Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
21 octobre 2010 4 21 /10 /octobre /2010 18:38

imigani2Les critères de classification  des organes génitax étaient, chez la femme, : la distance entre l’orifice vaginal et l’anus (le périnée : urutezo), la longueur de l’ouverture vulvaire (urwase), la forme du Mont de Vénus (inda y’igituba : littéralement ‘‘ventre de la vulve’’) et la longueur des petites lèvres vulvaires (imishino). Pour l’homme, c’était la longueur et la grosseur du pénis.

Plus la distance entre l’orifice vaginal et l’anus était réduite, plus le sexe de la femme était mal côté. Dans la tradition, une vulve trop proche de l’anus, saillant vers le bas, était qualifié de ntotizuba (‘‘que je ne sois jamais exposé au soleil’’ pour dire qu’il est très caché), d’ umushokannyo (‘‘qui descend vers l’anus’’), d’indasabahanga (‘‘seuls les meilleurs tireurs peuvent s’y essayer’’ ; pour dire qu’il fallait beaucoup d’efforts pour le débusquer), d’ubuhezankwano (‘‘qui n’incite pas à donner la dot’’). Le sexe de la femme, trop tiré vers le bas, n’était pas du tout apprécié par le partenaire sexuel. Celui-ci ne pouvait pas néanmoins, par pudeur, exposer cette ‘‘tare’’  de son épouse au grand public, mais la réaction était souvent de se chercher une autre femme dans l’espoir de trouver mieux. La polygamie au Rwanda ancien était toujours motivée par des raisons acceptables par la société, mais elle avait également des causes cachées et plus subtiles comme la forme anatomique de la vulve de la femme. La mère devait donc éviter à sa fille des désagréments dans sa vie familiale en la préparant, très tôt, non seulement moralement et psychologiquement, mais aussi physiquement surtout pour la bonne forme de ses parties intimes.

Un autre critère de classement dans ce domaine prenait comme élément la longueur de l’ouverture vulvaire. Plus celle-ci était plus ou moins longue et visible en position debout, plus la vulve était appréciée et les hommes en étaient très friands. Le sexe était alors dit urumina (le majestueux), urukamba (au goût exquis), ingaramizi (‘‘qui s’expose fièrement’’). Il était réputé être très excitant. Un simple coup d’œil jeté sur une femme nue constituée de la sorte pouvait  même faire bander un moine.

Le sexe de la femme avec une petite ouverture vulvaire était comparé à une petite incision (ururasago). Il rebutait tous les hommes. La coutume était d’avis qu’une pareille femme avait d’office ‘‘une petite vulve’’ (agatuba gato), ce qui n’était pas à son honneur. Une longueur moyenne de l’ouverture de la vulve était dite rwara rw’isha (ongle de la gazelle).

La forme du Mont de Vénus donnait lieu à des appellations diverses de l’organe génital féminin. Un Mont de Vénus très proéminent, avec la forme d’un monticule, présageait un beau sexe : c’était umubundankari (qui est gonflé ou plein de sécrétions vaginales), umugina (termitière avec ses nombreuses galeries) ou igituba cy’amajigo (vulve aux joues joufflues). Quand le pubis était petit et d’un aspect fuyant, le sexe était appelé umunoga, urweso (une petite cruche au goulot étroit) ou icwende ( petite courge servant à  contenir le beurre de toilette ; à cause de  l’étroitesse de son goulot, on y touchait avec un seul doigt). Selon la surface qu’il occupe, le sexe de la femme était dit intara (instrument de la vannerie traditionnelle, de forme circulaire ou ovale, large et plat, servant notamment à séparer les graines de l’ivraie) , vulve d’aspect plat et qui occupe une grande surface. Son opposé est injuma, vulve très petite en forme de coup de poing (agatuba kameze nk’ikofe), retranchée entre les cuisses. Ce sexe, disait-on, ne pouvait pas accrocher un homme. Un Mont de Vénus saillant était associé à un sexe dit umucuri (qui est renversé).

Une dernière classification tenait compte de la longueur des nymphes et du temps qu’elles mettaient pour s’exciter. Si elles répondaient vite à la sollicitation de la verge, elles étaient dites cyinyaza (dont les sécrétions vaginales coulent de soi-même) ou imirishwakumwe (qu’on mange facilement, avec une seule main). Les lèvres vulvaires trop étirées étaient dites imijabamabyi (qui touchent les excréments ; tellement longues qu’elles sont salies par des excréments lors de la défécation) ouibiziriko (les cordelettes). Elles n’étaient pas du tout appréciées par les hommes car souvent leur propreté laissait, à juste titre, à désirer. N’étaient pas aussi du tout appréciées les petites lèvres vulvaires trop courtes. Elles étaient dites kababi k’umuyenzi (petite feuille de l’euphorbiacée), allusion faite au latex de l’euphorbiacée qui coule par de petites gouttes. Même excitées, de telles nymphes ne produisaient que difficilement des écoulements vaginaux (ibinyare), selon la croyance populaire. Vient alors la femme qui n’avait pas du tout de petites lèvres développées. Elle était traitée de tous les noms : la vide, la négligente, la sotte. Elle n’avait aucune chance de conserver, à elle seule, son mari quand elle n’était pas simplement répudiée. Durant l’accouchement, les sages femmes et la belle-mère devaient procéder à quelques rites devant cette ‘‘insuffisante’’ pour ne pas être touchées par les conséquences fâcheuses de cette situation.

La présentation extérieure du sexe de la femme avait donc une grande importance pour son bonheur conjugal. C’était la loi du management moderne. Un produit bien emballé, bien exposé et bien étalé a plus de chance d’attirer un client. De même le sexe de la femme, avec une grande ouverture vulvaire garnie des petites lèvres suffisamment étirées, était très excitant pour l’homme.

Il faut relever que travailler un muscle passif jusqu’à lui donner la forme voulue est un exercice de longue haleine ; d’où la mère commençait très tôt les massages des parties génitales de sa fille pour qu’ils puissent produire les effets escomptés. Devenue nubile, la fille continuait elle-même ces massages intimes et les couplait avec les exercices d’allongement des petites lèvres vulvaires.

Deux critères entraient en lice pour la classification des pénis : leur longueur et leur grosseur. Les femmes n’appréciaient pas du tout un pénis minuscule. Elles avaient l’impression qu’il n’était pas à même de leur donner satisfaction, de leur faire jouir.  Un pénis court et trapu était dit nyabuninga (nyabuninga ininga amazi itayavomye : le court tennis qui, néanmoins, barbote dans l’eau -le liquide vaginal- qu’il n’a pas puisé). Il pouvait bien provoquer des écoulements vaginaux chez la femme (kunyaza) mais il n’était pas efficace pour des coups saccadés d’intromission (gucuga) et des coups secs de pénétration en profondeur (gucumita).  Une seconde catégorie était constituée de intiritiri ou rubinga. C’était un pénis idéal : pas trop court, pas trop long, juste la moyenne qu’il fallait pour bien faire des relations sexuelles à la grande satisfaction de la femme. Il y avait enfin rugozi (‘‘grosse corde’’) connu aussi sous des noms évocateurs comme imboroza (‘‘qui fait crier’’), umushohera ou umushoha (‘‘très long’’),  umuguha (‘‘trop grand et trop gros’’), rwogamabondo (‘‘qui pénètre jusque dans le ventre’’), inkuramura (un pénis qui pénètre jusque dans l’utérus, de façon qu’il peut même le détacher), imboro y’abarobyi (‘‘pénis des pêcheurs’’), igisongo (‘‘en forme de fuseau’’). C’était un pénis redouté à cause de ses grandes  mensurations. En érection, il faisait peur aux femmes, même les plus coriaces. Sa pénétration profonde dans la femme lui faisait crier de douleurs car il dépassait la longueur du vagin, entendait-on dire. Il n’était pas non plus bon pour la provocation des écoulements vaginaux, car il était souvent ‘‘en érection par endroit’’ (gushyukwa amazinga) ; sa prise pour tapoter le clitoris était de ce fait difficile. Ce pénis était à la base de bien de difficultés dans la famille ; la femme finissait par céder et abandonner son mari ; car, à la longue, elle était traumatisée par la seule idée de devoir affronter cette ‘‘machine meurtrière’’. Pour un pénis minuscule et d’aspect  courtaud incapable de la faire jouir, la femme  préférait aller chercher mieux ailleurs et quittait également son mari. Les hommes avec de très longs pénis ou ceux dont les pénis étaient quasi minuscules étaient connus de toutes les femmes, de façon que leurs porteurs n’avaient pas facile à trouver des partenaires sexuels féminins.

Selon leur grosseur, les pénis étaient classés enimbundi (‘‘pénis trapu’’), imbumburi (‘‘pénis d’une grosseur moyenne’’) ; l’inzibabuzutu (‘‘qui ferme complètement l’entrée du vagin’’) était un pénis trop gros de façon qu’il fallait forcer pour qu’il pénètre dans le vagin. Comme un très long pénis, l’inzibabuzutu  faisait lui aussi des malheurs chez les femmes.

Le pénis dont le gland était à découvert avec un prépuce retroussé naturellement, impare, avait sa spécifité. L’impare s’observait dès la naissance au grand dam des parents. Il était le signe que la femme avait bravé certains interdits durant sa grossesse. Les hommes avec un impare étaient connus de tout le village surtout que l’enfant ne portait qu’un cache-sexe vers sa maturité. On ne pouvait pas leur parler avant de prendre son petit déjeuner car ils vous jetaient la guigne (umwaku ). Les femmes avaient, elles aussi, l’impare en horreur. Elles lui prêtaient les caractéristiques de mettre un temps trop long avant d’éjaculer. Cette désapprobation s’exprime entre autre à travers le proverbe : « Umukunnyi mutindi akunira impare : Une pauvresse s’allonge les nymphes sans savoir qu’elle les étire peut-être pour un pénis circoncis naturellement ». 

Gaspard Musabyimana
21/10/2010




 

Partager cet article
Repost0

commentaires